LE PÈRE ARINTERO ET L’ŒUVRE DE L’AMOUR MISÉRICORDIEUX (2)
par le Père Pedro Fernández Rodríguez, O. P.
« un jour le Bien-Aimé nous envoie ici Mlle [Émilie Blanck], qui nous expose ses désirs, ses attraits, ce à quoi elle était poussée pour la gloire du Sacré-Cœur… tout ce que le Bien-Aimé avait découvert, et que nous ne comprenions pas… La volonté du Bon Dieu était évidente (…) depuis c’est un enchaînement merveilleux de circonstances qui fait voir l’action du Bon Dieu » (1).
Blanck décida d’imprimer les messages transcrits par la Mère Desandais, laquelle accepta à deux conditions : elle devait demeurer dans l’anonymat, et les messages devaient recevoir l’imprimatur ecclésiastique. Après avoir accepté ces conditions, Blanck commença à diffuser l’Œuvre de l’Amour Miséricordieux en France. Au cours de la même année 1919, elle fit imprimer l’opuscule Petites Étincelles et, l’année suivante, elle commença l’œuvre de la Propagande du Sacré-Cœur dans le premier monastère de la Visitation de Lyon, fondé en 1615 et situé depuis 1856 sur la colline de Fourvière, où étaient déjà imprimés les documents du Père Mateo Crawley sur la Consécration du Sacré-Cœur dans les familles.
Les écrits de la Mère Desandais, imprimés par l’Œuvre de la Propagande du Sacré-Cœur de Lyon, furent accueillis avec beaucoup de fruits spirituels. L’Amour Miséricordieux agissait dans les âmes, en réalisant des merveilles de conversion et de sanctification. En février 1922, Émilie Blanck, directrice de l’Œuvre de la Propagande du Sacré-Cœur, rencontra Elvira Ortúzar, une chilienne, qui vivait à Château-Gontier (Mayenne), laquelle collaborait déjà avec le Père Crawley.
En raison de son intérêt pour la vie mystique, Elvira Ortúzar était déjà en relation avec le Père Arintero depuis 1921, dont elle connaissait le célèbre ouvrage Évolution mystique et d’autres écrits. Le Père Arintero lui fit connaître la pratique de la “Consécration spirituelle”, dévotion qu’elle voulut propager en France, et comme le Père Bernardot, directeur de la revue La Vie Spirituelle, ne s’en est pas chargé, elle s’est mise en relation avec l’Œuvre de la Propagande du Sacré-Cœur de Lyon.
Telle fut la raison de la rencontre, à Lyon, en 1922, d’Elvira Ortúzar et d’Émilie Blanck. À cette occasion, celle-ci entendit parler pour la première fois du Père Arintero, et celle-là des messages de l’Amour Miséricordieux. Il convient d’ajouter que l’une et l’autre furent émerveillées de constater la ressemblance qu’il y avait entre la “Consécration spirituelle au Sacré-Cœur” que diffusait en Espagne le Père Arintero depuis 1916 et la forme qu’en proposait la Mère Desandais dans son opuscule Petites Étincelles, sans qu’ils aient eu préalablement connaissance l’un de l’autre.
Par ailleurs, l’une et l’autre constatèrent que la consécration spirituelle était le complément parfait de la “Consécration au Sacré-Cœur dans les familles” encouragée par le Père Crawley : il ne suffisait pas de consacrer les foyers au Sacré-Cœur, il fallait lui consacrer aussi les cœurs.
Le père Arintero et la Mère Marie-Thérèse Desandais
Le Père Arintero acceptait les révélations privées dans leur valeur relative, dans la mesure où elles favorisent la conversion des personnes et enflamment dans les âmes l’amour divin.
De fait, le Père Arintero commença à diffuser les messages de la religieuse française dans la revue “La Vida Sobrenatural”, avec le nihil obstat de l’évêque de Salamanque et la pleine approbation de la Mère Marie-Thérèse Desandais. Concrètement, il écrivit une note bibliographique dans cette revue en avril 1922 à propos de l’opuscule Petites Étincelles, qu’il avait reçu deux mois plus tôt d’Elvira Ortúzar, en s’exprimant ainsi : « Petites Étincelles. Le don de Dieu. Secrets de l’Amour divin (…) Opuscule véritablement digne des noms que comporte le titre. De fait, ses lignes sont comme de petites étincelles qui allument des flammes d’amour divin ». Au milieu de l’année 1922, circulait en Espagne un opuscule intitulé “Appel aux amis du Cœur de Jésus”, et la revue “La Vie Surnaturelle” diffusa en 1922 trois autres écrits de la religieuse française : Jésus, lien d’union, L’Amour Miséricordieux et Les amis de Jésus, signés A. Sulamitis, la mystique épouse de Salomon dans le Cantique des Cantiques.
Pendant ce temps, Mère Marie-Thérèse Desandais continuait de recevoir de nouveaux messages sur l’Amour Miséricordieux. En 1920, elle continua à écrire l’opuscule Le Seigneur Jésus, où elle décrivait la physionomie extérieure de l’Œuvre de l’Amour Miséricordieux, de petits groupes, dans lesquels se manifestait le règne de la charité dans les âmes et dans le monde.
Au cours du mois d’avril 1923, Mère Desandais écrivit Le Plan de l’œuvre de l’Amour Miséricordieux, en y distinguant l’union intérieure et l’union extérieure des membres de premier et de second degré, et pour cette raison, l’idée vint que le moment était venu de se réunir pour concrétiser le Plan de l’Œuvre. Ce fut en Espagne qu’eut lieu la première tentative de réalisation de ce projet.
La réunion eut lieu à Madrid du 12 au 18 mai 1923, à laquelle assistèrent la comtesse de Montegil et sa fille, Elvira Adorno, Juana Lacasa, Émilie Blank, le Père Arintero et le Père Buenaventura García de Paredes [ci-dessous] (2), tous deux dominicains, Diego de Castro et la Sœur Regina Martyrum, dans la communauté religieuse de laquelle se tenait la réunion. ← →
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(1) Nous rectifions ici la citation, d’après le texte de l’Autobiographie de la Mère Desandais, publié par la Sr Pascale-Dominique Nau, intro. Frederico M. Requena, Rome 2012 (NdT).
Buenaventura García Paredes (1866-1936) entra, comme le P. Arintero, au couvent de Corias, avant de rejoindre celui d’Ocaña, où furent également formés Valentín de Berrio Ochoa, Pedro Almató, José María Díaz Sanjurjo et Melchor García Sampedro, martyrisés au Vietnam, et tous quatre canonisés par Jean-Paul II en 1988. Il eut « une formation humaine et intellectuelle impressionnante et surtout une expérience de Dieu encore plus impressionnante », a écrit de lui le P. Juan Carlos González del Cerro. Provincial de la Province Notre-Dame du Rosaire en 1910, il fut élu à la charge de Maître Général de l’Ordre des Prêcheurs en 1926, qu’il dut abandonner à cause de sa mauvaise santé. Martyrisé à Madrid en 1936 pendant la guerre civile, il fut béatifié le 28 octobre 2007, en même temps que 497 autres martyrs de cette persécution religieuse (NdT).
On pourra se reporter à l'article que lui a consacré le P. Vito T. Gómez García, O.P. : "Beato Buenaventura García Paredes, mmártir (78 Maestro de la Orden de Predicadores)", dans Vida Sobrenatural, n° 729, Año 100, 2020, pp. 206-219.
ARINTERIANA
Paris - France | 2024 | Tous droits réservés
Exposition en langue française de la vie et des œuvres du Père Juan González Arintero (1860-1928), restaurateur de la théologie mystique en Espagne, grand directeur d'âmes et apôtre de l'Amour Miséricordieux.
« Vous qui êtes ici, dites un Pater à mon profit.
Pour moi ferez beaucoup et vous n’y perdrez mie. »
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