LE PÈRE ARINTERO ET L’ŒUVRE DE L’AMOUR MISÉRICORDIEUX (3)
par le Père Pedro Fernández Rodríguez, O. P.
Le Père Arintero, actuel directeur de l’œuvre, proposa au Père Buenaventura pour être son substitut à Madrid mais la comtesse de Montegil proposa le Père Fernado Vives (1), jésuite, son directeur spirituel, ce qui fut accepté finalement par la majorité des présents. De fait, à partir du mois de mai 1923, la nouvelle Junte Directive, formée par la comtesse, comme présidente, sa fille, comme secrétaire, et Juana Lacasa comme trésorière, conduisirent l’œuvre de l’Amour Miséricordieux, en confinant le Père Arintero dans une fonction secondaire. Le Père Vives, conseiller de la comtesse, et Diego de Castro, tous deux chiliens, créèrent une nouvelle réalité autour de l’œuvre, tandis que ce dernier se préoccupait aussi d’obtenir l’approbation de Rome.
La confusion s’introduisit alors pour la première fois dans l’œuvre de l’Amour Miséricordieux. Diego de Castro corrigea “Le Plan de l’œuvre” en lui substituant le nom de “Ligue évangélique de la charité”. En août 1923, le Père Vives et Castro firent un voyage en France, où ils rencontrèrent, en compagnie d’Émilie Blank, Mère Marie-Thérèse Desandais. Le Père Vives décida de son propre chef d’assumer la direction spirituelle de cette dernière et, à son retour en Espagne, Castro termina la rédaction des “Statuts de l’œuvre de l’Amour Miséricordieux”. Le 11 novembre 1923, eut lieu la première réunion à la Maison de la Charité, à Madrid, conçue comme un foyer chrétien, composé de personnes mariées ou célibataires, sous la présidence du Père Vives, appelé dans les statuts fondateur et directeur de l’œuvre. La seconde et dernière réunion eut lieu le 24 janvier 1924. La demande formelle d’approbation, présentée à Rome le 8 novembre 1923, reçut une réponse négative du consulteur, signée le 24 avril 1924, au motif que l’objet de l’œuvre était trop étendu et indéterminé et que le niveau institutionnel sollicité n’était pas plus clair, puisqu’on ne savait pas si ce qui était demandé était une approbation de l’œuvre au niveau romain ou au niveau diocésain.
Quelque chose était en train de changer dans l’œuvre de l’Amour Miséricordieux, une œuvre de Dieu dans laquelle il n’y avait pas de place pour des ambitions personnelles. Les messages en était la richesse principale et la Mère Desandais avait toujours mis au premier plan la réalité intérieure et non pas l’organisation extérieure. En outre, cette réalité extérieure se concrétisait dans des petits groupes qui se multipliaient peu à peu.
Au regard de ces circonstances, l’incorporation à l’œuvre, en octobre 1923, avec l’appui d’Émilie Blank, du Père Réginald Duriaux (2), dominicain français, professeur à l’Université de Fribourg, fut providentielle. D’un coup de main, nécessaire à ce moment, le P. Duriaux, se chargea immédiatement de la direction spirituelle de la Mère Desandais, des messages et de l’œuvre. Concrètement, au mois de novembre 1923, la Mère Desandais fit savoir par écrit qu’elle n’était pas d’accord avec les “Statuts” de l’œuvre et elle affirma également que ce qu’il fallait demander au Vatican, ce n’était pas l’approbation d’une Œuvre au niveau international, mais seulement une lettre du Saint Père louant les fins de cette Œuvre. De toutes manières, l’échec des entreprises menées à Rome et la nouvelle situation de l’œuvre en France provoqua la désintégration de la Junte Directive espagnole. En été 1924, la Maison madrilène fut fermée. Par ailleurs, Mère Desandais fut malade depuis le printemps 1924 jusqu’au 15 août 1925, date où elle fut l’objet d’une guérison extraordinaire.
Le Père Arintero accepta la situation nouvelle et l’orientation de “L’œuvre de l’Amour Miséricordieux” parce qu’elle permettait la diffusion de la dévotion à l’Amour Miséricordieux sans qu’il y ait à se préoccuper des structures. Excluant toujours les particularismes et les personnalisations de l’entreprise, le Père Arintero avait déjà été à nouveau chargé par Émilie Blank, en novembre 1924, de poursuivre l’œuvre de l’Amour Miséricordieux, sur la demande expresse de la Mère Desandais et sous la direction générale du Père Duriaux. Le premier monastère de la Visitation de Madrid et les abbés Aníbal González, professeur du séminaire diocésain de León, et Francisco Arnau, de l’archidiocèse de Valence, collaborèrent avec le Père Arintero pour diffuser l’Amour Miséricordieux en Espagne.
En janvier 1925, le Père Duriaux écrivit une longue lettre au Père Arintero pour lui indiquer l’esprit de la nouvelle orientation de “L’œuvre de l’Amour Miséricordieux”. En partant d’un point de vue surnaturel, il pensait qu’un minimum de structure suffisait à la diffusion des messages de la Mère Desandais. Après le 15 août 1925, cette dernière et le Père Duriaux révisèrent tous les écrits dans le but de les publier dans une collection particulière, sous le titre “Pour les amis de Jésus”, édités par l’œuvre de la Propagande du Sacré-Cœur de Lyon, en les faisant imprimer à Montpellier.
En 1926, dix-neuf opuscules étaient déjà édités. Le 10 avril 1926, le Père Duriaux fut reçu en audience par le pape Pie XI, auquel il présenta l’apostolat qui était en cours de réalisation et auquel il remit certains opuscules sur le Christ-Roi. On se souvient que, le 11 décembre 1925, avait été promulguée l’encyclique Quas Primas sur le Christ-Roi. Cependant, le P. Duriaux ne fit aucune allusion devant Pie XI à l’Amour Miséricordieux, comportement qui parut étrange à la Mère Desandais.
Texte de Mère M. -T. Desandais
sous le pseudonyme "Sulamitis"
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(1) Fernando Vives Solar (1871-1935) se consacra à l’Action catholique au Chili et au service des pauvres. Ses engagements le contraignirent à quitter le Chili en 1918, où il ne revient qu’un 1931).
(2) Le Père Augustin-Réginald (Joseph de son prénom de baptême) Duriaux était le 25 octobre 1882 à Pont-en-Ogoz (Suisse) et il est mort le 22 janvier 1968 à Fribourg (Suisse).
ARINTERIANA
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Exposition en langue française de la vie et des œuvres du Père Juan González Arintero (1860-1928), restaurateur de la théologie mystique en Espagne, grand directeur d'âmes et apôtre de l'Amour Miséricordieux.
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