LE PÈRE ARINTERO ET L’ŒUVRE DE L’AMOUR MISÉRICORDIEUX (5)
par le Père Pedro Fernández Rodríguez, O. P.
Une fois achevée en Espagne la polémique qui s’était élevée au sujet de la mystique, le Père Arintero se consacra principalement à l’Amour Miséricordieux. Le 17 juillet 1926, il écrivit à ce sujet : « je comprends que je dois consacrer tout ce qui me reste de vie à l’Amour Miséricordieux ». Compte tenu de la crise de l’œuvre survenue en France en 1927, ce fut lieu qui la poursuivit en communion avec la Mère Desandais. Ils étaient tous deux d’accord sur le fait qu’il fallait avancer avec beaucoup de prudence et une entière fidélité aux messages. Il ne s’agissait pas d’obtenir une approbation de l’œuvre, puisqu’il ne s’agissait pas d’une réalité nouvelle, mais de solliciter la bénédiction du pape pour le tableau de l’Amour Miséricordieux, comme un premier pas vers une encyclique et l’institution d’une fête liturgique. Le Père Arintero unit l’œuvre de l’Amour Miséricordieux et la revue “La Vida Sobrenatural”, mais sans considérer que l’Ordre dominicain fût propriétaire de l’œuvre. La Mère Desandais peignit un grand tableau de l’Amour Miséricordieux qui fut placé dans l’église d’Atocha, à Madrid, le 30 octobre 1927.
Ancienne basilique d'Atocha
redevenue couvent et église dominicains en 1924
incendiés et détruits par les républicains le 20 juillet 1936
Le tableau de l'Amour Miséricorideux périt dans l'incendie
La basilique madrilène d’Atocha allait devenir le centre principal de l’œuvre en Espagne. Après la mort du Père Arintero, survenue à Salamanque le 20 février 1928, le Père Ignacio Menéndez Reigada poursuivit avec enthousiasme avec la revue “La Vida Sobrenatural” l’œuvre de l’Amour Miséricordieux et la direction spirituelle de la Mère Desandais, tandis que le Père Buenaventura García de Paredes s’en faisait l’avocat à Rome, à titre personnel, où il fut reçu par le pape Pie XI en août et en septembre 1929.
La M. Esperanza de Jésus et l’Amour Miséricordieux
La Mère Esperanza de Jésus (1893-1983) commence son Journal Spirituel, sur la demande de son directeur spirituel, le Père Antonio Naval, clarétain, le 30 octobre 1927, jour où fut placé le tableau de l’Amour Miséricordieux dans la basilique d’Atocha, par ces mots : « en l’an 1927, étant religieuse de la Congrégation de Marie Immaculée, le 20 octobre le Bon Jésus me demanda de m’engager à travailler totalement et fortement avec le P. Arintero, religieux dominicain, pour faire connaître la dévotion à l’Amour Miséricordieux ; je travaillais déjà depuis quelque temps avec ce Père, avec l’ordre de mon Père spirituel que personne ne sache que j’étais unie à ce Père en ce travail, même mes supérieurs ; le P. Naval exprima le même désir au P. Arintero que personne ne sache que je collaborais avec lui dans ce travail ».
Mère Esperanza de Jésus
béatifiée le 31 mai 2014
On ignore quand commença cette collaboration de la M. Esperanza de Jésus avec le P. Arintero ; nous ne possédons pas davantage de détails concrets sur la forme que prit leur collaboration avant 1927, même pendant les cinq mois qui ont suivi cette date clé, jusqu’à la mort du P. Arintero, le 20 février 1928. Cependant, on peut tirer différentes conséquences évidentes de ses paroles très claires : a] la M. Esperanza collaborait déjà avec le P. Arintero dans les activités relatives à l’Amour Miséricordieux avant octobre 1927 ; b] depuis cette date, elle s’est engagée pleinement avec lui pour faire connaître l’Amour Miséricordieux ; c] elle a pris cette décision par obéissance aux commandements reçus du Seigneur ; d] son plein engagement dans cette mission devait être maintenu dans une discrétion totale, de sorte que même les supérieurs de la Congrégation à laquelle elle appartenait ne le connaissaient pas ; e] le P. Antonio Naval lui-même, directeur spirituel de la M. Esperanza, exposa au P. Arintero la nécessité d’observer une discrétion totale sur cette collaboration à leur mission commune.
Ce que l’on sait, en revanche, est que la M. Esperanza fonda en 1930 à Madrid l’Institut des Esclaves de l’Amour Miséricordieux, après avoir collaboré quelque temps avec le P. Arintero dans cette Œuvre. En outre, il est évident qu’au sanctuaire de Collevalenza sont vénérées les images du Christ Amour Miséricordieux et de la Très Sainte Vierge Marie Médiatrice, l’une et l’autre avec une symbolique identique à celle qui était utilisée au temps du P. Arintero, comme expression iconographique de la même doctrine théologique que celle qu’il enseignait et propageait. À ce sujet, on sait qu’au mois de décembre 1930, quelques mois après la fondation de l’Institut, lorsque la M. Esperanza demanda au Seigneur si la représentation symbolique de la sculpture de l’Amour Miséricordieux devait être celle qu’elle connaissait déjà, la réponse fut affirmative.
Avec la perspective historique qui est aujourd’hui la nôtre, il est possible de comprendre un peu les chemins mystérieux parcourus par la Providence pour parvenir à la réalité merveilleuse que nous connaissons aujourd’hui et que nous admirons avec joie. Les sentiers que suit habituellement le Seigneur ne coïncident pas avec ceux que préfèrent les hommes.
ARINTERIANA
Paris - France | 2024 | Tous droits réservés
Exposition en langue française de la vie et des œuvres du Père Juan González Arintero (1860-1928), restaurateur de la théologie mystique en Espagne, grand directeur d'âmes et apôtre de l'Amour Miséricordieux.
« Vous qui êtes ici, dites un Pater à mon profit.
Pour moi ferez beaucoup et vous n’y perdrez mie. »
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