Il n'en va pas de même pour le Cantique des Cantiques. Il est composé de chants, dans lesquels abondent les images et les expressions poétiques, dans lesquelles l'Époux et l'Épouse se réjouissent mutuellement et déclarent leur amour l'un pour l'autre. Tel est ce sens général et en cela il ne semble pas davantage qu’il puisse y avoir de doute raisonnable. Tout le reste, sur les détails, les manifestations, les degrés, les épreuves de la vie mystique, est douteux. C’est pourquoi il n’est pas étonnant que les commentateurs mystiques, lorsqu’ils ne se copient pas, différent grandement les uns des autres et aucune valeur exégétique proprement scientifique ne peut leur être reconnue.

Ces commentateurs ont, en général, l’âme pleine de Dieu. Certains, comme le P. Arintero, ont l’esprit enrichi de doctrine mystique, et de doctrine réduite à un corps plus ou moins scientifique, et prennent le Cantique des Cantiques comme un canevas, sur lequel ils brodent, parfois, un travail d’une beauté merveilleuse. En d’autres termes, ils exposent des doctrines ou des sentiments d’une haute valeur théologique ou d’édification, et c’est l’Esprit-Saint qui meut leur plume pour enrichir la doctrine spirituelle de l’Église. Les âmes pieuses, qui lisent ces pages sans prétention à une exégèse scientifique, trouveront en elles une nourriture abondante pour s’alimenter.

Tel est le commentaire du P. Arintero, enrichi par ailleurs par sa prodigieuse érudition, qui nous apporte d'innombrables pages des Saints Pères et de savants commentateurs, riches de doctrine et imprégnés de piété.

Le P. Arintero, auteur de La Evolución mística et de tant d’ouvrages de spiritualité, nous livre dans ce commentaire cette même doctrine qui est la sienne, exprimée sous la forme que lui offre le livre inspiré. En même temps, il donne aux paroles de ce livre des sens merveilleux, qui ne semblent pas être ceux de l’auteur sacré, mais qui s'accordent avec ceux que le Saint-Esprit révèle dans d'autres livres de l'Écriture, et avec ceux qu'Il inspire Lui-même aux âmes, dans lesquelles il demeure.

Que peuvent désirer de plus ceux qui recherchent, non pas la science, qui parfois enfle, mais la charité qui édifie toujours ? C'est pourquoi nous n'hésitons pas à recommander aux âmes le commentaire du Père Arintero, que recommandent d'ailleurs non seulement le nom de son auteur mais aussi les différentes rééditions de cet ouvrage.

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Fr. Alberto Colunga, O.P.

INTRODUCTION DU P. ARINTERO

Le Cantique des cantiques de Salomon, le Cantique par excellence, est un épithalame divin, inspiré par l’Esprit Saint, qui fait partie des livres de l’Ancien Testament. Sous la figure d’un mariage humain, celui de Salomon et de la Sulamite, d’un pasteur et d’une jeune bergère, et du tendre amour qui règne entre eux, sont vivement représentées et symbolisées les amours ineffables du Christ et de sa mystique Épouse, la sainte Église catholique, et de la très sainte Vierge – type et synthèse de l’Église elle-même et modèle des âmes saintes – ainsi que les insondables mystères du mariage spirituel que le Verbe divin veut célébrer avec toutes ces dernières.

Les personnages qui interviennent dans ce chant sont très divers. Les principaux sont l’Époux et l’Épouse, qui apparaissent habituellement comme des pasteurs, mais parfois aussi comme des laboureurs, ou des jardiniers, voire encore comme des rois. Puis il y a les jeunes filles et les filles de Sion, amies de l’Épouse, et qui aspirent à ces noces divines, et les filles de Jérusalem, âmes vulgaires, toutes profanes sur ces chemins de l’amour mystique. Viennent encore les amis de l’Époux, qui représentent soit ses ministres de la terre, soit ses anges et les saints du ciel.

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